[-] Klaq@jlai.lu 3 points 3 hours ago

Entre Moon et Nippon Kaigi, le Japon c'est aussi un badtrip permanent.

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 13 hours ago

Courage à toi aussi ! À demain !

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submitted 15 hours ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

Tu as peur ? Moi aussi.

Je me chie littéralement dessus et peine à réaliser qu'un votant sur 3 veut détruire le pays, ses valeurs.

Des sociologues peuvent m'expliquer le mécanisme d'exclusion de ces classes sociales constituant le vote RN, le sentiment de relégation, la respiration suffocante dans un climat médiatique d'insécurité culturelle, les usines qui ferment, la délinquance, les réformes insultantes, la baisse du pouvoir d'achat. Le bleu, le blanc et le rouge comme ultime refuge, l'identité nationale quand t'as plus d'identité de travail, de cité, de croyances.

Mais j'y crois pas. Le truc que je sens, au plus profond de moi, c'est ce qu'un mec le soir du 1er tour à appeler un vote d'enthousiasme. Ça les fait littéralement bander, pulsion autoritaire, désir de revanche, vouloir à nouveau se sentir maître à bord, en capacité d'exploser des gueules.

Pas grand monde à tilter sur la majorité absolue. Euphémisme de plein pouvoir.

Ça ne veut pas la paix dans les cités, la fin du trafic de drogue, ça veut un remake de la cité de Dieu, des images de Raid qui foutent des gros flingues dans la bouche de jeunes racisés, filmés en 4K en live diffusion sur Cnews. Ça veut pas remettre en question les droits des LGBTQI+, ça veut les humilier, les mettre dans dans états de honte, de marginalité, ça veut les voir aplatis puis écrasés.

Ce qu'ils veulent c'est une guerre civile. La pire ironie de l'histoire : sous prétexte de nationalisme ils veulent nous diviser plus que jamais. Trier le vrai français qui n'existe pas de l'ivraie barbue, lesbienne, chômeur etc etc. Ils oublient que leur nous racistes, sexistes, ne pourra qu'être minoritaire et le sera toujours.

Leur France n'existe pas. Leur France c'est le claquement imbécile du drapeau accroché dans la cour d'un bâtiment vide, c'est le ridicule d'un chant militaire là où il y a besoin d'entraide plus que d'armes. C'est un mollard face au vent.

Le pire, ce qu'ils ignorent ou feignent de pas voir : c'est que tous les gens qui taffent pour eux, qui torchent le cul de leur vieux, nettoient leur rue, administrent leur existence, les soignent, conduisent leur train, leur bus, leur sert à boire au camping, participent à leur divertissement, ce sont ceux qu'ils veulent voir disparaître.

Alors ouais, comme d'habitude, on va serrer les dents. Se serrer les coudes. On habite ici, on est née ici. Ils défendent un projet mort servant un fantasme, nous avons le réel de notre côté.

Alors même si j'ai peur, je sais qu'on sera toujours plus nombreux.

[-] Klaq@jlai.lu 8 points 16 hours ago* (last edited 16 hours ago)

Des trous dans les caisses d'associations Quelques années plus tard, le couple avait refait parler de lui à Laval. Il s'était engagé dans le bénévolat associatif, notamment au comité d'animation des Fourches puis au Secours populaire. Après leur passage de quelques mois aux commandes de ces associations, leurs successeurs avaient constaté de larges trous dans les caisses. Le couple Jaccoud était aussi à l'origine de la polémique de la crèche de Noël à la maison de quartier des Fourches à la fin des années 1990, qui avait été prise pour une provocation dans un lieu laïc.

Entre elle et Paule Veyre de Soras dans une autre circo de la Mayenne, il se passe un truc là-bas, ils ont organisé un concours on est pas au courant.

[-] Klaq@jlai.lu 5 points 21 hours ago

Travail salutaire, merci pour le partage.

[-] Klaq@jlai.lu 3 points 21 hours ago

C'est un start upper de la décroissance, en jouant à l'écart de la politisation du débat il s'inféode à celui en place, dès lors pas étonnant que le Shift ne soit qu'une énième déclinaison d'entreprises de consulting en décarbonation et contribue à l'achat d'une bonne conscience en matière de RSE pour les grosses boîtes.

On a formé nos cadres dirigeants à la responsabilité environnementale, contents les écolos ? Maintenant business as usual.

[-] Klaq@jlai.lu 6 points 1 day ago

TLDR : On veut pas perdre nos subventions.

[-] Klaq@jlai.lu 1 points 1 day ago

Dictateur du monde, de France, d'Europe ? Ça fait pas mal varier la réponse.

[-] Klaq@jlai.lu 4 points 1 day ago* (last edited 1 day ago)

Bonjour à tout le monde.

Réaction de mon pater, moitié arabe, dans son bled rural le soir des résultats : franchement ça passe, 1 votant sur 3, je m'attendais à pire. Ici les gens majoritairement voté RN, ils mettent des drapeaux BBR dans leurs jardins. L'ambiance est tendue.

Le RN a gagné avec Bolloré, il a imprimé un climat de guerre civile dans la tête de bon nombre de personnes. J'ai aucune idée de savoir si j'ai encore envie de les aider ou si j'accepte ce eux versus nous. En tout cas j'ai la certitude qu'il y a quelque chose de définitivement brisé et que ça va mettre du temps à reconstruire.

[-] Klaq@jlai.lu 4 points 2 days ago* (last edited 2 days ago)

Très bons propos d'Erwan Lecoeur sur LCP. Il parle de survote d'enthousiasme pour le RN, avec des relents xénophobes, au moment même où ce parti disait n'importe quoi à la télé. C'est le seul truc intelligent que j'ai entendu.

[-] Klaq@jlai.lu 3 points 3 days ago

Je veux la vidéo des pneus qui volent stp.

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submitted 4 days ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

Merci d’être arrivé.e jusqu' ici et pour votre soutien !

La consigne :

Vous pouvez écouter librement les titres en ligne sur Bandcamp ou demander un lien de téléchargement de la compilation à cette adresse : fmi.compilation@gmail.com en échange d'une preuve de don (une capture d’écran) à une des assos suivantes:

Liste non-exhaustive

• NIVEAU NATIONAL & INTERNATIONAL •

Utopia 56

https://utopia56.org/

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées)

Les soulèvements de la Terre https://lessoulevementsdelaterre.org/soutenir

(Solidarité luttes écologistes et sociales)

ACRIMED (Action critique média)

https://boutique.acrimed.org/don

(Solidarité luttes culturelles)

Le STRASS - Syndicat du TRAvail Sexuel en France

https://strass-syndicat.org/

https://www.helloasso.com/associations/syndicat-du-travail-sexuel-strass/formulaires/1

(Solidarité luttes travailleurSEs du sexe)

l'Assemblée des Quartiers

Acteur.ices des quartiers qui regroupent plusieurs assos, initiative lancée il y a 2 mois. Iels travaillent à s'implanter sur le territoire :

https://www.instagram.com/assembleedesquartiers/

https://www.helloasso.com/associations/les-quartiers-s-en-melent/collectes/lancement-de-l-assemblee-des-quartiers

(Solidarité Quartiers populaires)

OBSERVATOIRE INTERNATIONAL DES PRISONS

https://boutique.oip.org/719_p_51858/je-fais-un-don.html (Solidarités droits et dignité des personnes incarcérées)

DRIFT - Développement et Réseau d'Initiative Féministe Transrégionale

https://www.helloasso.com/associations/drift-developpement-et-reseau-d-initiative-feministe-transregionale

(Solidarité luttes féministes et LGBTQIA+ en région)

PALMED

https://palmedeurope.fr/index.php/faites-un-don

(Solidarité Palestine)

URGENCE PALESTINE

https://urgence-palestine.com/

https://www.helloasso.com/associations/jeune-palestine/formulaires/1

(Solidarité Palestine)

ACCEPTESS T - Actions Concrètes Conciliants : Education, Prévention, Travail, Équité, Santé et Sport pour les personnes Trans https://www.acceptess-t.com/

https://www.helloasso.com/associations/acceptess-t/formulaires/2/

(Accueil, accompagnement et luttes pour les droits des personnes Trans)

L'INSAART

https://www.insaart.org/copie-de-home

(Solidarité santé mentale - culture)

Confédération Paysanne https://www.confederationpaysanne.fr/gen_article.php?id=2265&t=AGIR%20!

(Solidarité luttes paysannes anticapitalistes et écologistes)

Le Planning Familial

https://www.planning-familial.org/fr/faites-un-don-au-planning-familial-119

(Education populaire. Accueil et accompagnement des personnes pour la défense des droits reproductifs et sexuels, lutte contre les inégalités de genres)

SOS MÉDITERRANÉE https://don.sosmediterranee.org/arya/~mon-don?_cv=1

(Solidarité droits des personnes migrantes et réfugiées en mer)

BANLIEUE CLIMAT https://banlieues-climat.org/don (Solidarité luttes écologistes en quartiers populaires)

COLLECTIF QRA - Queer Racisé·e·s Autonomes

https://www.instagram.com/collectif_qra/?hl=fr

https://www.paypal.com/paypalme/qtpocautonomes

(Solidarité LGBTQIA+ décolonial antiraciste)

Projet Cafi (Coordination des Actions aux Frontières Intérieures)

https://projet-cafi.com/

(Solidarité droits des personnes migrantes et réfugiées aux frontières)

ANAFE (Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Etrangers) http://www.anafe.org/

(Solidarité droits des personnes migrantes et réfugiées aux frontières)

Project Ground Zero (Film)

https://www.masharawifilms.org/fr/donation/

https://www.mediapart.fr/journal/international/140524/gaza-si-ce-n-est-pas-un-genocide-je-ne-sais-pas-ce-que-c-est

(Solidarité Gaza pour qu'elle raconte son histoire)

• PARIS & IDF •

FRONT 2 MÈRES / VERDRAGON

https://www.front2meres.org/soutenir/

(Solidarité luttes contre les discriminations et les violences faites aux enfants et écoféminisme)

Le comité des jeunes de Belleville pour les mineur.es isolé.es

https://www.instagram.com/belleville.mobilisation/

Leur cagnotte : https://www.helloasso.com/associations/liberte-egalite-papiers/formulaires/1

(Solidarité mineur•es isolé•es Paris Belleville)

Collectif Wilson

https://www.helloasso.com/associations/soutien-a-wilson

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées Paris Nord-Est)

CENTRE PRIMO LEVI - Soin et au soutien des personnes victimes de la torture et de la violence politique exilées en France.

https://primolevi.org/agir-et-donner/faire-un-don

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées)

Les midis du mie

https://www.lesmidisdumie.fr/

(Solidarité mineur•es isolé•es Paris)

Le Centre LGBTQIA+ de Paris et IdF https://www.centrelgbtparis.org/les-associations-adherentes

(Solidarité LGBTQIA+ Paris et IDF)

LAO POW’HER - Lieu d'Accueil et d'Orientation dédié aux jeunes femmes victimes de violences âgées de 15 à 25 ans

https://www.helloasso.com/associations/fit-une-femme-un-toit/collectes/je-soutiens-le-lao-pow-her

(Solidarité luttes contre les violences sexistes et sexuelles)

Le Bureau d’Aide et d’Accompagnement des Migrants et leur pôle LGBTQIA+

https://baamasso.org/fr/pole-lgbtq/

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées LGBTQIA+ Paris et IDF)

Le collectif Décolonisons le Féminisme

https://www.instagram.com/decolonisonslefeminisme/

(Solidarité féminisme décolonial)

COLLECTIF HORS SSS

https://horslarue.org/agir/faire-un-don/

• NORD •

L'Auberge des Migrants

https://laubergedesmigrants.fr/fr/

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées Calais)

Calais Food Collective

https://www.instagram.com/calais_food_collective

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées Calais)

Association Salam

https://www.associationsalam.org/

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées Calais)

• SUD-EST •

Roya Citoyenne (Vallée de la Roya)

https://www.facebook.com/royacitoyenne

(Solidarité personnes migrantes et réfugiées Alpes Maritimes)

SOROSA (Sororité, Solidarité, Accueil)

https://sorosa.fr/

(Soutien, accompagnement et défense des personnes exilées dans la Drôme)

https://docs.google.com/document/u/0/d/1ag1W5hfHRIgdn-1J-bv-9d3Qwjdfw95pQSLPb-RPCjI/mobilebasic#heading=h.xun3m61x7qy6

[-] Klaq@jlai.lu 9 points 4 days ago

Ce petit tacle de la VDN <3

[-] Klaq@jlai.lu 10 points 6 days ago* (last edited 6 days ago)

C’est du jamais-vu dans l’histoire de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Personne, à Matignon, n’a répondu à son invitation pour la remise de son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, publié ce jeudi 27 juin. Un rendez-vous en principe incontournable pour le premier ministre depuis plus de trois décennies.

A la veille des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, les chiffres révélés dans ce rapport – fondé sur des entretiens menés en face-à-face auprès d’un échantillon représentatif de 1 210 personnes – sont pourtant alarmants : l’indice longitudinal de tolérance, qui mesure chaque année l’évolution des préjugés chez les Français sur une échelle de 0 à 100 (plus l’indice se rapproche de 100, plus le niveau de tolérance est élevé), fléchit de 3 points en un an, pour atteindre 62. Un recul « conséquent et rare », souligne le politiste Vincent Tiberj, professeur des universités et chercheur au Centre Emile-Durkheim, coauteur du rapport.

L’indice, en repli pour la deuxième année consécutive, reste malgré tout à un niveau parmi les plus élevés, loin de ceux enregistrés au début des années 1990 et 2010 (autour de 50). Sous l’effet de trois évolutions démographiques – l’élévation du niveau de diplôme, le renouvellement générationnel et la diversification de la population française –, le racisme « biologique », basé sur la conviction qu’il existe des races supérieures à d’autres, est devenu marginal. Une écrasante majorité de Français sont aujourd’hui prompts à condamner les discriminations et 79 % considèrent qu’une « lutte vigoureuse contre le racisme est nécessaire en France ».

« Bruit politico-médiatique » « Une majorité de citoyens restent ouverts, insiste M. Tiberj. Ouverts à la diversité, à l’immigration, capables de faire la distinction entre critique de l’islam et préjugés antimusulmans, mais beaucoup ne votent pas, tandis que les plus radicaux de droite, eux, se déplacent aux urnes. » Ainsi 54 % des sympathisants du Rassemblement national (RN) et 26 % des sympathisants Les Républicains se disent racistes. Et leur contingent grossit, tandis que l’image du parti d’extrême droite s’est améliorée auprès des Français. Selon le baromètre annuel sur l’image du RN, publié par Le Monde et Franceinfo en décembre 2023, 41 % des Français pensent que le RN représente un danger pour la démocratie, soit le niveau le plus faible depuis 1984.

Son succès électoral se nourrit aujourd’hui d’une xénophobie à plusieurs visages qui place l’immigré au cœur de toutes les intolérances. Au-delà des anciens stéréotypes, elle est également économique et sociale. « Dans un contexte de dégradation des services publics, notamment de santé, il y a le sentiment que les immigrés captent une partie des moyens alloués à la protection sociale », ajoute Emmanuel Rivière, spécialiste de l’opinion et enseignant à Sciences Po. A cela s’ajoute « le lien effectué par nombre de Français entre insécurité et immigration, explique Laurence de Nervaux, directrice exécutive du think tank Destin commun. Et enfin, il y a une tension autour de la question de l’islam et de son rapport aux valeurs de la République, notamment les droits des femmes et la laïcité ».

C’est « la dimension culturelle et identitaire » du racisme, s’entourant de justifications comme « l’incapacité supposée des immigrés et des étrangers à se conformer aux normes et aux valeurs de la République », selon la CNCDH. « Débats autour de la loi “immigration”, de la loi sur le séparatisme, des émeutes [après la mort de Nahel en juin 2023], de Crépol [village de la Drôme où Thomas, 16 ans, est mort après avoir été poignardé lors d’un bal, en novembre 2023]… La baisse de la tolérance raconte quelque chose du bruit politico-médiatique et de son impact sur les Français, ajoute Vincent Tiberj. Les forces de long terme, qui banalisent et acceptent la diversité, ont été percutées par les forces de court terme, qui placent les questions identitaires au centre des discours. » L’étude de la CNCDH met en lumière la perméabilité des Français à ce contexte.

Réalisé à l’automne 2023, le baromètre de la CNCDH établit que 51 % des Français considèrent qu’« aujourd’hui en France, on ne sent plus chez soi » (en hausse de 8 points par rapport au printemps 2022), tandis que 56 % approuvent l’idée qu’« il y a trop d’immigrés en France » (+ 7 points par rapport à novembre 2022). De même, 43 % des personnes interrogées pensent que « les enfants d’immigrés nés en France ne sont pas vraiment français », contre 21,4 % en novembre 2022. Ils continuent par ailleurs d’être 60 % à penser que « de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale ».

« Un signal inquiétant » Le sondage, qui mesure également les indices de tolérance par minorités, fait état d’un recul général : 77 à l’égard des Noirs, contre 78 en 2022 ; 57 à l’égard des musulmans, contre 59 en 2022 ; 42 à l’égard des Roms, contre 45 en 2022. C’est la communauté juive qui subit la plus forte chute, passant de 72 en 2022 à 68 cette année. Cette résurgence des haines se traduit en partie dans les actes. « L’année 2023 a été marquée, après le 7 octobre [date de l’attaque terroriste du Hamas en Israël], par un nombre d’actes antisémites exceptionnellement élevé, qui rappelle de manière brutale la persistance de l’antisémitisme dans notre pays », souligne Jean-Marie Burguburu, le président de la CNCDH, dans son éditorial.

« La question, parmi les sept posées sur ce sujet, qui explique cette baisse exceptionnelle est celle qui porte sur la double allégeance des juifs qui seraient plus attachés à Israël qu’à la France », note Nonna Mayer, chercheuse en science politique au Centre d’études européennes de Sciences Po et directrice de recherche émérite au CNRS, coautrice du rapport.

En effet, 42,1 % des personnes interrogées estiment que « pour les Français juifs, Israël compte plus que la France », soit une augmentation de près de 7 points. « On note une hausse similaire par le passé, notamment en 2014, lors de l’opération “Bordure protectrice” [guerre de cinquante jours opposant Israël au Hamas] », rappelle la chercheuse.

Malgré l’émergence d’un « nouvel antisémitisme » chez les musulmans et une partie de l’extrême gauche « qui s’appuierait sur un antisionisme amalgamant et diabolisant “juifs”, “Israéliens” et “sionistes” », les résultats du baromètre tendent à montrer que les opinions antisémites restent largement structurées par les vieux stéréotypes parmi l’ensemble des sondés.

Ainsi, 37 % des personnes interrogées – un pourcentage relativement stable – pensent que « les juifs ont un rapport particulier à l’argent » et 21 % – en hausse de 3 points – partagent l’idée selon laquelle « les juifs ont trop de pouvoir en France ».

Les sympathisants d’extrême droite restent plus enclins à être d’accord avec ces préjugés antisémites traditionnels (51 %), devant ceux d’extrême gauche (36 %) mais derrière les musulmans (60 %). « Quels que soient l’origine de la personne et son positionnement politique, le faible niveau de diplôme, l’insécurité économique, un âge élevé sont les facteurs-clés de l’antisémitisme… comme du racisme », commente Mme Mayer. « Dans ces temps très troublés, que le gouvernement fasse la sourde oreille malgré nos multiples relances envoie un signal inquiétant, se désole la secrétaire générale de la CNCDH, Magali Lafourcade. Notre rapport, qui analyse également les statistiques concernant le traitement judiciaire des affaires de racisme, confirme le désintérêt et le désengagement de l’Etat sur le sujet. » Les parquets ont orienté 17 % d’affaires à caractère raciste en moins que l’année précédente et mis en cause 16 % de personnes en moins pour des infractions à caractère raciste.

« Certaines digues ont sauté. Elles vont être dures à reconstruire. Est-ce que cette baisse de la tolérance est une baisse sans lendemain ou est-ce le début d’un mouvement plus large ?, s’interroge Vincent Tiberj. On ne sait pas. »

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submitted 6 days ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

TLDR ; oui mais c'est compliqué.

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submitted 6 days ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

Ne pas bouder les bonnes nouvelles, même si tardives.

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submitted 1 week ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

Plein de choses intéressantes dans ce rapport.

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submitted 1 week ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

« Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » Ce sont les mots que Frantz Fanon, psychiatre martiniquais et français, penseur du racisme antinoir, avait entendus de son professeur de philosophie, également d’origine antillaise, et qu’il rapporta dans son livre Peau noire, masques blancs (1952). Fanon raconte qu’il avait d’abord compris cette phrase d’une manière abstraite, au sens de la fraternité universelle. Mais il comprit plus tard qu’il s’agissait d’une alerte très concrète : « Un antisémite est forcément négrophobe », observait-il. Quelques décennies plus tôt, l’itinéraire de l’écrivain notoirement antisémite Louis-Ferdinand Céline avait commencé par un séjour au Cameroun dont le récit donna lieu à un racisme antinoir d’une rare brutalité, déniant toute conscience de soi aux « nègres », « négresses » et « négrillons » qu’il avait fait travailler comme porteurs dans ses entreprises prédatrices dans la forêt équatoriale.

Un négrophobe est logiquement antisémite. Au début des années 1970, le Front national (futur Rassemblement national) naît comme une mobilisation raciste issue de deux mouvements convergents : les nostalgiques antisémites du nazisme et de la collaboration, et les partisans de l’Algérie française. Mobilisés contre les Algériens tous indifféremment désignés « musulmans ».

Ce terme, en reprenant le langage colonial, qualifiait les Algériens en général – même ceux de religion catholique – ce qui donna l’étrange identification de « musulmans catholiques ». Cette signification revient aujourd’hui, par exemple avec l’expression « musulman d’apparence » utilisée par Nicolas Sarkozy en 2012 en se référant au seul faciès.

Ancrage des migrations dans toutes les sociétés

Dès les années 1980, le Front national a converti son idéologie raciste en prenant comme cheval de bataille politique les immigrés postcoloniaux (maghrébins et subsahariens), devenus depuis la fin des années 1990 les « migrants ». La boucle est bouclée : le racisme antijuif, antinoir et antimusulman est le moteur de l’extrême droite d’hier à aujourd’hui. Et le thème de la migration, présenté par le Rassemblement national comme un problème urgent de sécurité et d’identité pour tous les Français et leur territoire, masque une infrapensée raciste réactivée face à la circulation des personnes issues des pays anciennement colonisés.

Les faits eux-mêmes, ceux qui concernent la mondialisation humaine et plus précisément la circulation des personnes à l’échelle de la planète, parlent d’une réalité bien plus grande et ordinaire que tous les fantasmes véhiculés à leur propos. La part relative de la France dans l’arrivée des migrants et réfugiés est plutôt en dessous des moyennes européennes. Et le lien systématique entre la migration et l’insécurité n’est pas prouvé par les données statistiques.

Depuis 2018, les nombreuses recherches produites par l’Institut Convergences Migrations décrivent l’ancrage des migrations internationales dans toutes les sociétés, de départ, de transit et d’arrivée, les transformations sociales et culturelles que vivent les personnes en migration et celles qui les accueillent, mais aussi l’ampleur des violences vécues par les personnes issues de pays du Sud face aux politiques hostiles de la plupart des Etats européens. Seule la mobilisation des sociétés civiles locales permet d’offrir un peu de répit et de soin.

Dans ce moment où nous avons la main pour choisir notre futur gouvernement, il est important de se souvenir du « deux poids, deux mesures » des politiques et discours des gouvernements français et européens en faveur de l’accueil des Ukrainiens, et des réticences voire de la franche hostilité des mêmes, face aux personnes fuyant l’Afghanistan, le Moyen-Orient ou l’Afrique subsaharienne.

Des responsables politiques, même de droite, ont pu défendre l’hospitalité des réfugiés ukrainiens parce qu’« ils [leur] ressemblent », déclara l’un d’eux. La France a pu accueillir 100 000 réfugiés ukrainiens et l’Europe 5 millions, sans que cela provoque le moindre campement de rue, sans polémique, sans accusation des associations pour « délit de solidarité », mais au contraire en mobilisant « d’en haut » le tissu associatif et les citoyens solidaires. Pour les autres, comme on sait, on retrouve le même langage depuis les années 2000, fait de la peur de l’« invasion » et du « remplacement » de population, comme si se rejouait la scène identitaire des « autres » aux airs de barbares.

Regarder autour de soi Que répondre ? On peut dire et répéter, bien sûr, que ces pseudo-descriptions implicitement racistes de la migration sont en contradiction avec les réalités du monde d’aujourd’hui. On peut expliquer que la « crise migratoire » est une crise de l’accueil, et que des choix politiques clairs (régularisation des travailleurs sans papiers, mise à l’abri et accès au travail et aux soins des personnes en situation précaire) auraient un effet immédiat de pacification sociale.

Mais on peut aussi inviter tout le monde à se faire un peu anthropologue, en regardant autour de soi, dans sa vie quotidienne, dans son travail, son bourg ou son quartier, la couleur de peau brune, noire, ou jaune, ou l’origine non française, des amis et voisins. Il est rare, pour ne pas dire exceptionnel, que chaque Français n’ait pas dans sa propre généalogie (ascendants, descendants, collatéraux et conjoints) des personnes à la couleur de peau, à l’accent ou au nom « qui ne font pas français ». Il est rare que cette altérité proche n’ait pas quelque chose à voir avec le passé colonial de la France, en Afrique, Asie, Océanie, au Proche-Orient ou aux Antilles.

En regardant ainsi autour de soi, on pourra entrevoir combien de personnes – et quelles personnes – seraient supprimées de notre vie commune si l’on appliquait le principe défendu par François-Xavier Bellamy, député européen de droite, voulant faire aussi bien que l’extrême droite et déclarant dans un débat télévisé [le 24 mai 2023 dans « C ce soir », sur France 5] que les immigrés de la première, de la deuxième et même de la troisième génération n’ont pas leur place dans notre communauté nationale.

Que l’on regarde, que l’on compte autour de soi, cela met en danger plus du tiers de la population française. Ce n’est donc pas la question de la migration qui inquiète l’extrême droite et la droite derrière elle. C’est la part d’étrangeté que chacun a en soi, chaque personne et tout le pays. Reconnaître cette part est la meilleure réponse à toute politique fondée sur la peur des autres.

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submitted 1 week ago* (last edited 1 week ago) by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

Décédé brutalement du sida en juin 1984, Michel Foucault l'un des intellectuels les plus lus et commentés dans le monde. Mais loin du penseur dans sa tour d'ivoire, le philosophe fut également un homme engagé, bien ancré dans son siècle. Du mai 68 tunisien jusqu'au prestigieux Collège de France, des parvis des prisons françaises jusqu'au soleil de la Californie psychédélique des années 70, retour sur la vie et l'oeuvre de Foucault, marquée par des métamorphoses successives, à travers la puissance d'évocation de l'archive et grâce au pouvoir de transfiguration de l'animation.

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submitted 1 week ago by Klaq@jlai.lu to c/france@jlai.lu

« Pour nous, la victoire du Rassemblement national [RN], c’est tout sauf une surprise », confie Yvon Le Flohic, médecin généraliste dans un cabinet médical de Ploufragan, dans l’agglomération de Saint-Brieuc. Un morceau de France ordinaire, où le revenu annuel moyen était de 23 010 euros en 2021, presque identique à la moyenne nationale (23 160 euros). En 2020, on y comptait un quart de retraités. Parmi les personnes en activité, 20 % d’ouvriers, 30 % d’employés, 30 % de professions intermédiaires et 13 % de cadres ou professions supérieures. Le tout, au cœur d’une Bretagne historiquement imperméable aux extrêmes, affectée ni par la désindustrialisation, ni par le chômage ou l’insécurité.

Pourtant, le 9 juin au soir, la liste de Jordan Bardella est arrivée en tête aux élections européennes dans les Côtes-d’Armor, avec 28,21 % des suffrages (27,11 % à Ploufragan). En 2019, Renaissance était en tête, et Marine Le Pen obtenait 19 % des voix. « Dans notre cabinet, on voit défiler tout le monde, poursuit le médecin. Nous étions sûrs du résultat. Ici, les gens ont la sensation de ne plus être pris en compte, de ne pas être représentés, ils ne croient plus aux institutions. Et cela ne date pas d’hier. »

A l’échelle du pays, ces classes moyennes ont exprimé ce ressentiment le 9 juin, lors des élections européennes, certains par l’abstention, et beaucoup d’autres en votant en faveur du RN, traditionnellement plutôt ancré dans les milieux populaires. Selon l’analyse réalisée par OpinionWay, 41 % des ménages gagnant entre 1 000 et 2 000 euros par mois ont voté pour Jordan Bardella, et 33 % de ceux aux revenus compris entre 2 000 et 3 500 euros. Une percée sociologique : parmi les employés, le RN a gagné dix points entre 2019 et 2024, et quinze points parmi les professions intermédiaires.

De plein fouet

A ce malaise s’est ajouté un ouragan appelé inflation, qui a fait vaciller les modes de vie et les certitudes. « On n’avait pas vu une telle hausse des prix depuis quarante ans, et à l’époque, tous les salaires étaient indexés sur les prix, rappelle Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyses et prévisions à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). C’est la première fois qu’on vit une telle crise inflationniste sans cette protection. »

Prises de plein fouet par la flambée des produits de base – l’alimentaire a connu une hausse de 20 % en deux ans, l’électricité de 70 % en cinq ans –, exclues des dispositifs d’aide destinés aux plus modestes, les classes moyennes ont vu leurs habitudes et leurs modes de consommation bouleversés, comme le raconte Elisabeth (elle a préféré garder l’anonymat), 56 ans, installée sur la côte varoise : « Depuis plusieurs années, j’ai pris l’habitude de compter chaque euro lors de mes courses, et je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule. Je vois aussi des hommes parcourir les rayons la calculette en main. Et ce n’est pas tout. Chaque dépense est planifiée, je ne peux plus partir en vacances, ni épargner. »

Les « périurbains » et les ruraux ont été plus pénalisés que les autres. On comptait, au plus fort de la crise, trois points d’écart dans la hausse moyenne du coût de la vie entre eux et ceux vivant dans les centres-villes, selon l’OFCE. Certes, les loyers sont plus élevés dans les métropoles, mais les périurbains ou les ruraux sont bien plus tributaires de leur voiture au quotidien et dépensent davantage en chauffage pour leur logement, souvent une maison individuelle.

Sous pression, les ménages ont du mal à boucler leurs fins de mois, une fois payées les charges fixes, l’électricité, le carburant, les assurances, et l’alimentation, et encore, en supprimant souvent les produits les plus coûteux. « Aujourd’hui, je ne vais plus au restaurant, à peine au cinéma, encore moins à l’opéra. Je voyage en rêve, je suis à découvert le 15 du mois, je paie mon garagiste en trois fois, et j’achète mes vêtements en seconde main », résume Anne, 50 ans, professeure certifiée à temps partiel et un enfant à charge.

Des dettes impossibles à apurer

Pour certains, la crise inflationniste s’est traduite par des dettes impossibles à apurer. « On voit arriver des gens qui n’auraient jamais passé notre porte avant, confirme Laetitia Vigneron, conseillère financière à l’Union des associations familiales (UDAF) du Cher. Des personnes qui travaillent, qui ont des crédits immobiliers ou des crédits voiture. » Entre janvier et mai, le nombre de dossiers de surendettement déposés auprès de la Banque de France a augmenté de 6 % par rapport à 2023. « Le prix des courses a explosé. Les gens n’arrivent plus à s’en sortir. On voit des dossiers de surendettement constitués uniquement de dettes de charges courantes : loyers, assurances, électricité », renchérit Céline Rascagnères, également conseillère financière pour l’UDAF, dans l’Aude.

Pour ces personnes ni riches ni pauvres, la dégringolade ne se fait pas ressentir uniquement dans le train de vie. Elle est aussi symbolique. « Dans ma tête, un prof faisait partie des classes moyennes supérieures, il pouvait s’offrir deux-trois restos mensuels, des voyages pour le plaisir, des loisirs pour se cultiver, une petite maison pour la retraite et de l’argent pour les enfants, explique Anne, la professeure. Je suis déclassée. » Un sentiment partagé par bon nombre de ses semblables.

Audrey, une Parisienne de 44 ans, éducatrice spécialisée, gagne 2 100 euros par mois (salaire, prime et pension alimentaire), pour la faire vivre avec son fils : « Le déclassement social, je le vis de la façon suivante : un salaire insuffisant au regard de mes études et de mes responsabilités professionnelles ; le fait de ne pas avoir les moyens de scolariser mon fils dans le privé ; deux semaines de vacances seulement pour moi et une colonie de vacances, en partie financée par la ville, pour mon fils ; la perte de la valeur travail et l’absence d’ascenseur social. »

Michel, un retraité de 69 ans, est en colère : déposé en février 2024, le dossier de retraite de son épouse, atteinte d’une maladie neurologique, est toujours à l’étude. « En attendant, nous sommes confrontés à des problèmes financiers et à des problèmes de santé, mais nous n’avons aucune aide, car l’on considère que l’on gagne trop ! A ce jour, nous ne faisons qu’un repas sur deux, en mangeant des pâtes et des œufs, et encore, pas toujours. Quel plaisir d’avoir cotisé cinquante-deux ans pour en arriver là ! »

Précarité nouvelle

Le sentiment de déclassement s’exprime aussi au travers du regard d’autrui. Installée à Nantes, Catherine, bac + 5, est chargée de communication indépendante, avec des revenus autour de 2 500 euros par mois, « sans aucune perspective de progression ». Elle travaille chez elle, réfléchit depuis deux ans à changer sa voiture sans pouvoir franchir le pas, et ses dernières vacances se résument à une semaine à l’été 2023 dans un village éloigné du Limousin. Mais c’est face à sa fille que la conscience de sa précarité nouvelle la taraude le plus. « L’autre jour, elle a voulu que je lui achète un pull à 90 euros, à la mode chez ses copines. J’ai dit non. Elle s’est exclamée : “Mais, maman, on est pauvres ?” »

Anne, Audrey et Catherine incarnent la fragilisation financière des familles monoparentales, essentiellement des mères célibataires. Un tiers des pensions alimentaires reste impayé, et le taux de pauvreté dans leurs rangs atteint 32,3 %, contre 14,5 % pour l’ensemble de la population, selon des données de la Caisse d’allocations familiales ou de l’Institut national de la statistique et des études économiques. Faut-il y voir un lien ? Parallèlement, le vote RN a progressé de manière spectaculaire chez les femmes : dix points entre 2019 et 2024, contre trois seulement chez les hommes, indique Ipsos. « Tenant à distance l’héritage viriliste et sexiste de son père, Marine Le Pen se présente comme une femme moderne, mère de famille, divorcée, travaillant, affichant sa “sensibilité à la cause féminine” », rappelait la philosophe Camille Froidevaux-Metterie dans une tribune du Monde du 13 juin.

Le sentiment de déclassement se voit parfois dans le regard des enfants, mais se mesure toujours par rapport à la génération précédente. « Moins bien que mes parents », déplore Tim, ingénieur dans la fonction publique, quand il parle de l’appartement de 68 mètres carrés qu’il a « difficilement » pu acquérir à Grenoble avec le fruit de son travail. Et il craint que sa propre descendance ne vive la même mésaventure. « Malgré une vie peu dépensière, je peine à épargner et à financer pour mes enfants des études équivalentes à celles que j’ai pu suivre, enchaîne-t-il. En somme, je vis moins bien que mes parents, et la dynamique est à la dégradation. »

« L’absence de perspectives, la difficulté de dessiner une trajectoire ascendante » font partie des désillusions des classes moyennes, souligne Nicolas Duvoux, sociologue à l’université Paris-VII, qui évoque l’érosion des « possibilités de vie ». Une érosion qui va en s’accentuant, s’inquiète le chercheur. « La précarité sur le marché du travail est devenue la norme, explique-t-il, particulièrement pour les jeunes. Or, la précarité dans l’emploi se traduit par l’impossibilité de construire sa vie de manière durable. Cela ronge le corps social. »

En vain

Confrontés à cette précarisation, les jeunes se sentent en outre comme rejetés des villes où ils ont parfois grandi, et souhaiteraient vivre. A 35 ans, Antoine, Bordelais, salarié dans l’associatif, voudrait acheter un 40 mètres carrés dans sa ville : « Impensable avec un smic seul. » Parisiens, Patrick et son épouse, deux enfants, cherchent à s’agrandir. En vain. « Impossible pour nous, couple d’ingénieurs, d’avoir plus de trois pièces. Même les logements sociaux auxquels nous avons droit sont au-dessus de notre budget. Nous voilà moins bien lotis qu’un ouvrier des années 1960 », tranche l’homme de 35 ans. Le problème est encore aggravé dans les régions très touristiques, où les résidences secondaires et autres meublés assèchent le marché pour les locaux, contraints d’aller habiter loin de leur travail – et d’avoir une voiture, qui plombe définitivement le budget.

Au fond, les classes moyennes « ont une vision ternaire de la société, décrypte le politologue Jérôme Fourquet : « Pour eux, il y a en bas les plus pauvres, les assistés, et au-dessus les riches qui se gavent. Ils ont le sentiment d’être trop riches pour être aidés, trop pauvres pour s’en sortir, et d’être taxés pour financer un modèle social auquel ils n’ont plus accès. Le pacte social implicite, qui est de payer ses impôts mais, en retour, d’en avoir pour son argent, est rompu. »

Or la gauche, elle, oppose aujourd’hui une vision « binaire », estime M. Fourquet, qui repose sur l’idée du peuple contre les élites – un schéma dans lequel les catégories intermédiaires ne se retrouvent pas : « Le RN, en faisant par exemple de la voiture un thème politique, a réussi à créer une proximité avec les classes moyennes, qui se sentent enfin prises en compte. »

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FRANCE - REPORTAGE

À Clichy-sous-Bois, vingt ans de mobilisation pour rien ?

21 juin 2024 | Par Faïza Zerouala

La commune de Seine-Saint-Denis est une ville quadrillée par les militants pour inciter la population à se rendre aux urnes. Ces élections législatives ne feront pas exception. Pourtant, la résignation règne et il est difficile de mobiliser face au risque du Rassemblement national.

Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).– Longtemps infatigable, moteur de tous les combats pour convaincre Clichy-sous-Bois de voter, Mohamed Mechmache, 58 ans, commence cette fois à s’épuiser. Dans la ville, l’ancien éducateur croise des connaissances qui l’alpaguent toujours un peu sur le même ton. « Qu’est-ce que tu fais encore ? T’en n’as pas marre de te casser la tête pour une énième campagne ? Ça fait vingt ans. » Malgré tout, il va repartir au combat avec ses camarades du collectif Aclefeu (Association collectif liberté égalité fraternité ensemble unis).

Un collectif né il y a presque vingt ans, dans le sillage des révoltes de l’automne causées par la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré le 27 octobre 2005. À l’époque, Mohamed Mechmache et quelques autres ont voulu transformer ces braises en autre chose, en tentant de lancer un élan électoral pour peser. Ces derniers jours, Aclefeu a publié une tribune pour rappeler ses fondamentaux : « La voix des quartiers compte » et, surtout, ces mêmes quartiers ne sont pas un « désert politique ».

Dans la ville, sur les panneaux métalliques électoraux, les affiches des candidat·es apparaissent si délavées qu’on peine à croire qu’un scrutin s’est déroulé seulement quatre jours plus tôt. Jeudi 13 juin, une autre compétition aimante les esprits. La CAN des quartiers, organisée ici depuis trois ans, attire toute la ville pour soutenir ses équipes de foot dans une ambiance festive. 

Ce soir-là, le Mali affronte le Sénégal sous les applaudissements de la foule serrée sur les gradins du stade Henri-Barbusse, enfumés par les stands de sandwichs-merguez. Les visages sont jeunes. D’autres sont là en famille, poussettes incluses.

Le 9 juin, Adama, 40 ans, a séché les urnes. Ce restaurateur a une explication à cette désertion. « La France, c’est déjà loin, et l’Europe, c’est encore plus loin. » Sa manière à lui d’expliquer qu’il ne comprend pas l’enjeu des européennes et surtout cette fracture qui ne se résorbe pas entre le pays et les quartiers populaires. Ce qui lui fait dire que Clichy-sous-Bois est un « monde à part ».

L’abstention en tête

En tout cas, c’est une ville-laboratoire intéressante à observer pour comprendre certains ressorts électoraux, peu fidèles aux résultats nationaux. En effet, la liste LFI arrive en tête du scrutin européen avec 54 %. Le RN récolte un peu moins de 16 %. Quant au parti présidentiel, il s’effondre à 6,5 %. L’abstention reste la quatrième actrice de l’équation. Affiché sur la mairie, le taux est vertigineux : 71 % des habitant·es ne se sont pas déplacé·es. Ce résultat, l’un des records du département, interpelle dans une ville qu’un tissu associatif vigoureux laboure pour encourager sa population à donner de la voix.

Aclefeu en tête. En 2007, le collectif mobilise contre Nicolas Sarkozy. Cinq ans plus tard, il investit un hôtel pour abriter son ministère de la crise et des banlieues et interpeller les candidat·es à la présidentielle sur les sujets concernant les quartiers populaires. Et aussi en dehors des échéances électorales, à travers le collectif « Pas sans nous » dans lequel Mohamed Mechmache et Mehdi Bigaderne, adjoint et cofondateur d’Aclefeu, sont largement impliqués. Sans oublier les tournées un peu partout en France.

Dans les travées du stade Henri-Barbusse, la compagne de Michel, Allison, 34 ans, auxiliaire de puériculture, partage aussi le sentiment d’être mise de côté « par tous les partis » : « On fait un peu tache. » Elle aimerait que les politiques se rendent compte de « l’apport de [leurs] votes ». Le pays est « fatigué », elle trouve le climat anxiogène.

De ce que j’entends autour de moi, ça ne sert à rien de voter.

Sarah, 33 ans

La mère de famille culpabilise de n’avoir pas voté aux européennes, pour des raisons professionnelles. Elle « va rattraper [s]a bêtise », assure-t-elle, en votant pour les législatives. L’essentiel étant d’éviter la « catastrophe du RN ». D’origine antillaise, elle se sent vulnérable et craint pour sa fille.

Un peu plus loin, Sarah, 33 ans, est loin de ces inquiétudes. Elle serre sa petite contre elle. Cette secrétaire devenue mère au foyer – elle a quatre enfants de 9 mois à 7 ans – n’était pas au courant de la tenue des élections européennes. Pas plus qu’elle n’a suivi les rebondissements électoraux post-dissolution. La trentenaire n’a pas le temps de s’intéresser à la politique. « De ce que j’entends autour de moi, ça ne sert à rien de voter. »

Mohamed Mechmache, candidat sans étiquette malheureux aux législatives de 2012, a entendu ce discours plus que de raison ces deux dernières décennies. Le mot « défiance » revient sans cesse dans sa bouche, d’abord « vis-à-vis des politiques menées ces vingt dernières années » qui n’ont pas amélioré ou si peu la vie des habitant·es, selon plusieurs personnes rencontrées sur place.

Une pauvreté qui perdure

Pourtant, le tramway T4 tant espéré est arrivé, les programmes de rénovation urbaine du Chêne-Pointu ont été lancés, un commissariat, un centre de santé, une agence France Travail ont enfin ouvert au fil des ans. Mais Adama, le restaurateur, est encore plus sévère sur les changements de la ville. La rénovation urbaine entreprise n’est que « du maquillage », selon lui. Pire, un « cache-misère » dans tous les sens du terme. Car ici le taux de pauvreté culmine toujours à 42 % dans la ville.

Mehdi Bigaderne, cofondateur d’Aclefeu, deuxième adjoint à la mairie de Clichy-sous-Bois depuis 2008, n’est pas surpris de l’abstention aux européennes. « On a été au rendez-vous de chaque mobilisation. On a tiré l’alarme sur plein de problématiques en disant, attention, ce qui se passe dans les banlieues va faire boule de neige. Aujourd’hui, l’abstentionnisme est un problème pour la France entière. »

L’élu a participé, « avec [s]a casquette de militant associatif », à la préparation d’un spot de mobilisation avec la parole des habitant·es, « des jeunes et des moins jeunes ». Il n’oublie pas non plus qu’il faut rappeler aux électeurs et électrices, « pour ceux qui vont partir et qui ont déjà pris leurs billets », les modalités des procurations.

Mais ce travail a des limites. « On fait un travail sur la citoyenneté avec un grand C, sur la mobilisation autour des scrutins. Mais aussi sur la justice sociale ou l’accès aux droits. Mais on n’est pas aidés, les inégalités explosent. Ici les gens veulent surtout réussir à remplir leur frigo », soupire Mehdi Bigaderne. Et le « plan Marshall des banlieues » tant promis n’est jamais venu.

Abdelali Meziane, conseiller municipal d’opposition écologiste, candidat d’une liste citoyenne aux dernières municipales, est lui aussi prêt au combat, avec les élu·es et militant·es associatifs de la ville. Son cœur penche en faveur du Nouveau Front populaire. Il compte arpenter le marché, les lieux de passage, les écoles. Ce week-end aura lieu la fête de la ville, propice aux rencontres. « On va essayer de capitaliser là-dessus. »

Mais convaincre simplement d’aller voter relève parfois de la gageure. « L’individualisme » prime, les habitant·es s’investissent moins. Beaucoup vivent dans des conditions matérielles difficiles, « les gens sont dans la survie », tempère-t-il. Alors Abdelali Meziane répète que les droits acquis, les libertés individuelles et la lutte contre les discriminations ne seraient plus garantis avec le RN. « Ça va être pire. »

Une absence de représentation

Ayoub, 24 ans, étudiant en droit, anciennement impliqué dans la politique locale, est tiraillé entre sa compréhension de cette abstention persistante et sa propre crainte d’une extrême droite victorieuse. Le jeune homme entend la défiance des Clichois·es à l’égard du vote. La rhétorique du barrage à l’extrême droite passe de moins en moins. En cause, selon lui, « un manque de culture politique » avec la difficulté de faire comprendre les bienfaits du vote comme outil.

La peur ne mobilise plus, constate-t-il. « Ils vont être inquiets de quoi ici ?, s’interroge l’étudiant. Ça fait vingt ans qu’on leur dit qu’on qualifie les personnes issues de l’immigration comme des non-Français. Le glissement n’en finit pas. »

« Comment expliquer aux gens d’aller voter alors qu’on a Darmanin au ministère de l’intérieur ? », confirme Nawufal Mohammed, vidéaste de 34 ans. Malgré son cursus en science politique, il n’arrive plus à trouver du sens à cette discipline. Et de citer pêle-mêle la loi immigration, le policier qui a tué Nahel et qui a bénéficié d’une cagnotte de soutien, l’affaire Théo avec des peines de sursis prononcées à l’égard des trois policiers qui l’ont gravement blessé.

La sociologue Marie-Hélène Bacqué, qui a codirigé une recherche participative avec des jeunes dans dix quartiers populaires en Île-de-France, confirme que l’éloignement des populations des quartiers vis-à-vis de la représentation électorale perdure en particulier parce qu’elles ne se sentent pas représentées. Et ce, malgré une légère hausse de la participation dans les quartiers populaires franciliens par rapport aux précédentes élections européennes.

« La représentation des quartiers populaires, des classes populaires et des populations racisées, reste quand même très faible dans les choix des candidats même si on observe une évolution, analyse-t-elle. Mais surtout, les collectifs et mouvements sociaux émanant de ces quartiers n’ont pas été conviés à la table de négociation et les choix de candidats ont été faits sans eux. D’où le sentiment de ne pas être pris au sérieux, d’être vu seulement comme un réservoir de voix. »

Écumer les cages d’escalier

Adama, présent à la CAN des quartiers, partage ce constat et ne se sent pas représenté, ni même pris en considération : « Depuis Chirac, on fait des barrages et une fois au pouvoir, les partis font n’importe quoi comme les lois immigration ou la déchéance de nationalité. Il ne faut pas s’étonner qu’on emprunte le chemin d’extrême droite. »

Son ami Michel abonde : « Tous les partis se ressemblent. » Il est même parfois tenté de voir la France basculer, elle qui tente le diable depuis tant d’années. « Qu’on y aille, on va bien souffrir et on passe à autre chose ensuite. » « Pas sûr », rétorque Adama.

Sans compter qu’un tabou a sauté, rappelle Abdelali Meziane. Le vote RN ne s’exerce plus dans le secret de l’isoloir, même ici dans cette ville où une partie de la population est pauvre et issue de l’immigration. « Ça ne fait plus peur. Certains souhaitent même que le RN l’emporte pour rétablir l’ordre et la sécurité. Ils tiennent un discours sociétal très dur. Avec cette logique du “on n’a jamais essayé”, sur un mode presque révolutionnaire. »

Difficile donc de prévoir si la rhétorique du barrage va parvenir à mobiliser, prévient encore la sociologue Marie-Hélène Bacqué. « Outre la question de la représentation, le programme reste un enjeu, sur les questions sociales mais aussi les enjeux de discrimination. Et enfin, outre les réseaux sociaux qui jouent un rôle important, il faut remobiliser les méthodes habituelles de militantisme de quartier qui ont fait leurs preuves comme le porte-à-porte ou même les réunions d’appartements. » Mais tout dépendra des forces prêtes et capables d’écumer les cages d’escalier.

Mohamed Mechmache a profité de la CAN des quartiers pour aller voir les jeunes et discuter avec eux. De son côté, Ayoub utilise Snapchat et Instagram pour sensibiliser dans son entourage et parmi ses connaissances. Le jeune homme répond aux interrogations, assez nombreuses, comme il peut. L’avènement de TikTok comme canal de mobilisation est intéressant à ses yeux, même s’il en perçoit les limites. « Malheureusement, ça reste de l’information fast-food. »

Il demeure réaliste, car il connaît par cœur son territoire. « On ne va pas passer de 70 % d’abstention à 30 %. Même s’il y a un petit sursaut, il restera léger. » Mais le tumulte et les rebondissements de la vie politique de ces dix derniers jours donnent de l’espoir à Abdelali Meziane, alors pourquoi pas un « miracle » ? Sous la forme de jeunes abstentionnistes qui se déplaceraient aux urnes, parce qu’un footballeur ou un chanteur leur aura dit de voter contre le Rassemblement national. « Dans les dernières heures, il peut y avoir un raz-de-marée… » Croire aux miracles pourrait être le mantra de ces militants acharnés de la participation.

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TLDR : la population s'appauvrit, les dépenses sociales augmentent, les collectivités peuvent pas suivre.

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Klaq

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